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Traitement a posteriori de l'information traumatique par le cerveau

Auteure: Michèle Quintin


Résumé: L'information traumatique est stockée par le cerveau à l'emporte pièce et nécessitera un traitement et une digestion a posteriori


Nous avons vu que notre système nerveux, en cas de survie, va capter les informations / les stimulations d’une manière très rapide, globale et sensorielle. Au plus la stimulation sera soudaine et rapide, au plus la réaction et l’engrammage des informations seront réflexes. Au plus la charge émotionnelle qui y est associée est importante, au plus il y aura clivage par rapport à la pensée consciente et « refoulement ».

Ce matériel psychique est, si je puis dire, « rassemblé à l’emporte-pièce » et devra « être digéré » une fois l’alerte passée.

Nous savons aujourd'hui que le cerveau comporte trois strates superposées. La première, la plus archaïque, se trouve au centre et à l'arrière du cerveau, elle est composée du cervelet et de la moelle épinière ; c’est notre cerveau instinctuel, appelé aussi cerveau reptilien.

La deuxième, appelée le cerveau mammifère, est la structure centrale du cerveau et le siège de nos émotions ; c’est le système limbique fait de substance blanche.

La troisième enveloppe les deux autres et forment les deux hémisphères de substance grisâtre qui présentent de nombreuses circonvolutions. A l’intérieur, un réseau phénoménal de connexions neuronales permet l’échange des informations, c’est le siège de l’élaboration de la pensée et des facultés cognitives.

Chacune de ces strates a une fonction spécifique très utile. Cette organisation cérébrale est bien sûr le reflet de l’évolution du vivant et de la phylogenèse de l’espèce humaine. Le cerveau reptilien est ce qui nous reste de notre passé le plus lointain. Imaginons quelques instants ce passé animal où il fallait vraiment être sur ses gardes pour ne pas être dévoré. La proie a trois façons d’essayer d’échapper au prédateur : la fuite, le combat ou le figement. Une fois l’alerte terminée, l’animal se secoue et retourne à ses occupations comme si de rien n’était !

L'être humain, c'est plus compliqué...

Pour l’être humain, cela est devenu un peu plus compliqué, car est venue se greffer la capacité d’avoir un ressenti, des émotions, des idées … et un moyen fabuleux de retenir tout cela. Et c’est la complexité et le foisonnement des possibilités d’opérations mentales qui fait la richesse, mais aussi la difficulté de la condition humaine. Nous n’avons plus cette capacité de « faire comme si de rien n’était » !

De plus, l'observation au moyen d'électrodes du fonctionnement du cerveau de personnes ayant subi un trauma, à qui on demandait de raconter leur souvenir traumatique, a permis de mettre en évidence le fait que le système limbique était fortement actif. Et surtout qu’à ce moment-là, un petit noyau au milieu de ce cerveau émotionnel se mettait en route. Cette petite structure, que l’on appelle le noyau amygdalien, est une sorte de « déclencheur d’alerte » ; il joue un rôle dans notre faculté de nous réveiller le matin. C’est par lui que le « feu aux poudres » est mis… Et que l’événement est « taxé » d’urgent, de dangereux, ou encore de trop insolite, et enclenche par là l'activation de la voie réflexe.

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Texte mis en ligne le 02-06-2012

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