Pour clarifier les choses, je dirais d'abord que nous ne sommes pas tous manipulateurs comme certains le disent. Nous avons tous parfois un comportement manipulateur, mais cela reste ponctuel et cela n'a pas la couleur de la destructivité comme c'est le cas chez le manipulateur.
Le manipulateur narcissique
La plus connue et la plus décrite est celle du manipulateur narcissique : il recherche le pouvoir dans ses relations et est reconnu pour sa séduction narcissique grâce à des attributs de pouvoir. Il manifeste dans les premiers temps de la relation une apparente sympathie, une recherche de points communs, une fausse attitude compréhensive et protectrice.
Tout cela est un calcul pour amorcer sa relation d'emprise sur l'autre. Ensuite, l'autre doit se conformer à tout ce qu'il veut et pense sans quoi il est dévalorisé, culpabilisé, menacé, ... Il se croit parfait et ne se remet pas en question, par contre il stigmatise l'autre pour ses imperfections en jouant sur ses valeurs morales. Il est en quête perpétuelle d'admiration, de reconnaissance, mais ne sait pas aimer, car il ne reconnaît pas l'autre dans sa différence.
Le manipulateur pervers narcissique
Il se distingue du précédent, car il est motivé par la volonté de destruction de l'autre dans son narcissisme afin de gonfler le sien. Il recherche l'emprise par le même jeu de séduction que le précédent, mais une fois l'emprise installée, il isole et harcèle sa victime jusqu'à ce qu'elle perde toute son énergie narcissique, tombe dans la dépression, la maladie psychosomatique ou jusqu'à ce qu'elle se suicide.
Le harcèlement se manifeste par des violences verbales et non verbales: insultes, dévalorisations, culpabilisation, menaces, chantage, mépris, langage paradoxal (les mots sont contredits par les gestes par exemple, ou bien deux phrases s'annulent successivement), haine, ...
Il rend par ces agressions l'autre en colère, puis le culpabilise de cela. A l'extérieur, il paraît sympathique, moral, mais seul face à sa victime, il est violent et cherche à la détruire, d'où son aspect pervers.
Il se croit au-dessus des lois et n'éprouve ni culpabilité, n'a aucune morale, aucun sens des interdits et ment malgré l'évidence. Il est dans le déni de l'autre qui ne peut être qu'une partie de lui-même indifférenciée, dans le déni de sa propre souffrance comme de celle de l'autre. Il ne se remet jamais en question, mais peut très bien jouer la comédie. Il est vide intérieurement, évoluant uniquement dans l'intellect et le calcul. Il instrumentalise l'autre qui n'est pour lui qu'un objet à exploiter, puis à jeter. Quand il a épuisé sa proie, il en choisit une autre. Quand celle-ci réussit à fuir, il en trouve immédiatement une autre.
Pour en savoir plus : Christine Calonne, Les violences du pouvoir, éd. L'Harmattan, 2005. Christine Calonne est psychologue à Ans (Liège) et à Namur.