La durée d'une psychothérapie dépend de nombreux facteurs. Je vous propose d'en aborder quatre principaux selon moi: un facteur technique, un facteur philosophique ou éthique, un facteur théorique, un facteur lié à la personne.
1. Facteur technique
La psychologie travaille avec les outils de son temps. Si les techniques évoluent, nous n'avons pas encore inventé, comme je le dis souvent, le fer à souder les neurones (heureusement!). Il n'y a pas de miracle et la durée plus ou moins longue des psychothérapies actuelles ne peut malheureusement pas encore être évitée.
2. Facteur philosophique ou éthique
La limitation technique exprimée ci-dessus recèle un côté sacrément rassurant; nous ne serions sinon pas bien loin de la science fiction où des scientifiques peu scrupuleux interviennent selon leur bon gré sur les pensées et les esprits soumis et amorphes d'une population totalement sous contrôle.
Par ailleurs, le psychologue se forme généralement et rapidement diverses hypothèses de travail lorsqu'il reçoit une personne en consultation. Il pourrait être tentant de renvoyer directement, dans un soucis de rapidité et d'efficacité, une sorte de diagnostic ('voilà votre problème') suivi de prescriptions ('Voilà ce que vous devez faire'). Procéder ainsi est tout simplement brutal et vain. Il convient, éthiquement parlant, de respecter le mode de pensée de toute personne que nous recevons (cf. article sur le code de déontologie des psychologues) ainsi que le rythme de chacun (voir ci-dessous, facteurs individuels).
La nécessité de respecter la liberté individuelle nous imposera peut-être pour longtemps encore (je l'espère!) d'avancer lentement et prudemment dans ces processus de changement délicats et complexes!
3. Facteur théorique
Il s'agit ici d'aborder différentes approches théoriques; elles possèdent parfois une conception de la durée de la thérapie diamétralement opposée.
Il existe par exemple, depuis quelques décennies, des approches théoriques mettant en avant la rapidité et l'efficacité à court terme. Nous pensons principalement aux approches dites cognitivo-comportementales, qui ont démontré leur efficacité dans le traitement de certaines pathologies (phobies, stress, anxiété, sevrages,...). Leur approche repose principalement sur l'identification d'une difficulté bien précise et la recherche de son éradication rapide. Cela se fait en tentant de limiter la durée de l'intervention. On parle d'ailleurs de façon plus générale de thérapies brèves.
A côté de ces thérapies, il en exite d'autres qui ne prônent absolument pas la recherche d'efficacité et qui, au contraire, s'en défendent même! Il s'agit principalement des approches dites psychanalytiques pour lesquelles le processus psychanalytique lui-même est le plus important; peu importe la durée et le nombre des séances. C'est la profondeur qui est recherchée (lire l'article sur la psychanalyse).
Chacune de ces approches possède points forts et points faibles et se chamaillent copieusement (et souvent de façon très stérile) pour mettre en valeur leur supériorité. Retenez simplement que selon les théories sous-jacentes du psy que vous allez rencontrer, vous rencontrerez en même temps un rapport à la durée parfois très différent.
4. Facteurs individuels
Enfin, il existe d'importantes différences individuelles de rythme dans le travail psy. Certaines des personnes que je rencontre progressent à un rythme moins rapide, vont plus en profondeur, sont plus dans une sorte de réflexion profonde sur leur vie. D'autres, à l'inverse, souhaitent progresser rapidement, cibler un problème précis dans un contexte où ils vont, pour le reste, globalement bien. Je reçois, en moyenne, pour des interventions d'une durée de quelques mois. Certaines personnes sont venues me voir deux ou trois fois pour se libérer d'un problème très précis; d'autres sont venues durant plus d'un an...