Image Enrique Meseguer
Les rêves lorsque l'on s'en rappelle au petit matin nous laissent régulièrement d'étranges impressions ou souvenirs au réveil, souvenirs qui, très souvent, s'estompent rapidement pour disparaitre.
Subjectivement, nous restons donc sur le souvenir de scénarios, d'endroits (qu'on a connu par le passé ou desquels on doit s'échapper), de sensations (bruits, odeurs, toucher, ...) et bien évidemment d'émotions. Ces quelques mots-clés mis ici en gras sont très caractéristiques de nos rêves.
Une autre caractéristique est aussi que ces rêves se situent bien plus dans le registre de la sensation brute que du rationnel; lequel rationnel est souvent purement et simplement absent. Au réveil, nos rêves nous semblent bizarres et parfois indéchiffrables.
Un cerveau très actif pendant la nuit
Nous l'avons vu dans un article dédié aux fonctions du sommeil, dormir permet à notre cerveau de réaliser des tâches qui ne pourraient se dérouler si nous étions réveillés: se nettoyer des déchets liés à son activité diurne, effectuer un tri dans les informations traitées durant la journée mais aussi dans nos archives plus anciennes.
On sait que le sommeil paradoxal, le sommeil où nous rêvons le plus explicitement, est également le moment du traitement de ces informations. C'est la raison pour laquelle les scientifiques pensent que les enfants font énormément de sommeil paradoxal: parce qu'ils ont énormément de nouvelles informations à traiter, trier et fixer en mémoire.
Le rêves comme écran de cinéma
C'est en effet ce que tend à démontrer notre connaissance des rêves à l'heure actuelle: ils seraient comme un écran recevant la projection de l'activité de notre cerveau pendant que nous dormons, le projecteur étant donc l'activité de notre sommeil paradoxal.
Premier exemple: la maison de votre enfance
Ainsi, pendant le sommeil paradoxal, votre cerveau ressortirait des informations sur l'endroit ou vous avez vécu durant votre enfance. Loin de toute rationalité à ce moment ("Ca ne sert à rien de garder des infos sur cet endroit car tu n'y retourneras plus"), votre cerveau manipule cette information probablement pour la garder quand même. Votre sommeil paradoxal a été conçu non pas pour gérer des déménagements successifs au 21ème siècle, mais pour garder la mémoire des endroits importants... au cas-où. Et vous voilà à faire un rêve dans lequel vous êtes de retour dans la maison où vous viviez il y a 30 ans, mais bizarrement avec votre famille actuelle. Rien de rationnel vous disais-je, mais une activation de "données stockées" qui sont brassées avec une logique qui existe, mais qui est propre à votre sommeil paradoxal.
Second exemple: votre examen demain à 8h30
Voilà pour une ancienne archive. Mais si vous êtes étudiant et que demain, vous devez passer un examen stressant, voilà que c'est cette info, d'actualité, qui va occuper votre sommeil paradoxal. Et voilà votre sommeil paradoxal à brasser une émotion chargée d'anxiété pour votre examen qui va se transcrire dans un rêves où vous arrivez en retard à votre examen et pas au bon endroit. Ici, l'interprétation est claire: votre cerveau pendant la nuit fixe l'importance... d'être à l'heure et au bon endroit demain pour votre examen. Et c'est mieux comme ça.
Ceci n'est pas un exercice!
Certains scientifiques spécialistes du sommeil estiment que certains rêves, très archaïques, constituent une sorte de répétition générale de scénarios super importants pour la survie. Se battre, fuir, échapper à un prédateur.
Certains cauchemars ne seraient donc rien d'autre que l'activation pendant la nuit, par votre cerveau, dans une sorte de répétition générale, de ces comportements instinctifs inscrits dans notre mémoire génétique.
On le voit, avant tout interprétation d'un rêve, il convient d'abord de comprendre certains aspects plus prosaïques et terre-à-terre des rêves. Toutefois, il est clair que, tant au niveau des vieux souvenirs qu'au niveau des enjeux actuels, il y a régulièrement des choses intéressantes à aller y chercher. On entre alors dans le registre de l'interprétation des rêves.