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Introduction
L'adjectif psychosomatique est fort galvaudé et souvent détourné de son sens premier.
Sans entrer dans les détails techniques et les recherches existant en la matière, nous verrons que le terme psychosomatique doit être compris dans tous les sens du terme et qu'il possède de nombreuses acceptions complémentaires.
Les théories psychosomatiques foisonnent. Certaines émanent d'équipes pluridisciplinaires, ouvertes à une conception intégrée du concept. D'autres sont le fruit de théories tout à fait simplistes voire ridicules, mais aussi, et il faut le souligner, dangereuses!
Dans cet article, je vous propose de faire le point sur la question.
L'humain, un tout psychosomatique intégré
Le premier élément à bien comprendre est que l'être humain est un tout intégré.
L'idée d'un esprit sain dans un corps sain (en d'autres terme: celle d'un esprit qui habiterait un corps) a fait son temps.
Et pourtant notre culture reste baignée par l'idée qu'une sorte de cloison existerait entre l'esprit et le corps. L'esprit représenterait la partie noble de notre être, la partie élevée, tandis que le corps représenterait la partie vulgaire ou animale. Ou le moyen de transport de l'esprit.
Nous savons aujourd'hui qu'il n'en est rien! Nos pensées, nos décisions, nos émotions sont profondément ancrées au niveau corporel et reposent complètement sur le corps. Le corps n'est donc absolument pas cette partie de nous qui subirait la domination de l'esprit ou qui en serait une sorte de défouloir ou d'exutoire... psychosomatique.
Psychosomatique ou somatopsychique?
Un corps qui subit la domination de l'esprit... Il s'agit d'une autre équation très répandue: un phénomène psychosomatique = une influence de l'esprit sur le corps.
Si notre vie psychique possède évidemment une influence globale sur notre personne, notre état de santé physique possède en retour un impact gigantesque sur notre vie psychique
Il suffit de penser à l'état dans lequel nous nous trouvons lorsque nous ressentons une grande faim, lorsque nous avons bu un verre... ou lorsque nous sommes atteints par une anémie, une grippe, une rage de dents. Le moral n'est plus bon, la fatigue psychique est omniprésente, un sentiment de dépression peut se présenter.
Le danger, bien entendu, est de considérer de façon abrupte en cas de maladie, que le moral négatif, la fatigue ou le sentiment de dépression est à l'origine de l'état psychique. Possible, parfois, mais attention aux liens de causalité faciles et simplistes!
Et l'influence de notre vie mentale sur notre santé physique, un mythe?
Pas du tout, cette influence existe bien entendu, mais elle n'est pas ascendante, verticale, top-down comme diraient certains.
Certaines personnes ont une tendance particulière à somatiser. C'est le cas par exemple des enfants (voir notre dossier à ce sujet). Moins capables d'appréhender leur environnement et à l'intégrer mentalement, ils sont facilement sujets aux manifestations psychosomatiques.
Certains adultes sont moins aptes que d'autres à identifier leurs émotions et vont réagir de façon plus corporelle.
Tous, lorsque nous sommes très sollicités par notre travail, nos émotions, notre vie amoureuse, nous pouvons ressentir des manifestations physiques plus ou moins marquées.
Les symptômes psychosomatiques sur nos petites faiblesses physiques
Généralement, les manifestations psychosomatiques vont se marquer sur nos organes les plus fragiles. L'intestin, par exemple, est, chez tous, un organe extrêmement sensible aux hormones de stress. Il va réagir immédiatement en cas de stress. Pas besoin de dessin.
Tous, nous avons nos petites faiblesses de fabrication: la peau pour telle personne, les muqueuses de la bouche pour telle autre, l'estomac pour celle-ci, l'intestin pour celui-là...
En cas de stress, la manifestation physique éventuelle se placera sur cette zone fragile a priori: psoriasis, aphtes, acidité ou ulcère gastrique ou intestinal.
Et nous ne sommes pas tous égaux face à la santé. Certains d'entre nous sont plus fragiles que les autres ou ont hérités, par la voie génétique, de risques de maladies bien précises.
Rester prudent avec la notion de psychosomatique
Il s'agit donc d'appréhender le concept psychosomatique avec beaucoup de recul et tout en nuance. Comme toujours! Dès lors que des théories et des thérapeutes ne font plus preuve de cette prudence de base, alors pour vous c'est méfiance! Par exemple:
- Lorsque vous ressentez une absence de nuance dans le discours;
- Autrement dit, lorsque l'on vous affirme un lien simpliste entre une maladie ou des manifestations physiques et un "conflit psychique non résolu" (par exemple);
- Lorsque l'on vous parle de découvertes médicales récentes et révolutionnaires émanant de l'un ou l'autre médecin ou de sources médicales soi-disant prestigieuses;
- Lorsque l'on vous invite à quitter la médecine traditionnelle au profit de cette "approche nouvelle révolutionnaire", surtout dans le cadre d'une maladie grave;
- Lorsque l'on vous tient un discours culpabilisant sur votre état de santé: vous n'acceptez pas de résoudre vos problèmes psychologiques et c'est pour cela que vous êtes malade;
- Lorsque, d'une façon ou d'une autre, vous ne vous sentez pas en confiance, ou que vous vous sentez carrément en danger!
Conclusion: vous avez dit psychosomatique?
Nous sommes un tout, à la fois physique et spirituel. Le qualificatif psychosomatique est à prendre dans les nombreuses significations qu'il possède. C'est à dire avec recul et nuance, comme pour tout concept complexe.
L'esprit possède sans aucun doute une influence sur le fonctionnement physique, au même titre que l'inverse est vrai!
Il est donc tout à fait possible de donner un sens psychologique (ou un lien psychologique) à un symptôme physique. Mais cela doit être fait tout en prudence, en ne négligeant jamais une intervention médicale si la manifestation physique est préoccupante.
Certains n'hésitent pas à détourner l'approche psychosomatique pour faire miroiter des guérisons miraculeuses ou donner un sens pseudo-symbolique à des maladies parfois très graves. Prudence encore une fois, surtout si l'on vous invite à vous détourner des approches médicales classiques. Ce type de discours devrait d'ailleurs immédiatement vous mettre en alerte. Car vous êtes à ce moment en danger.