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Malbouffe et malpionce
Ce néologisme malpionce (de pioncer, dormir) renvoie bien évidemment à ce qui fut un autre néologisme : la malbouffe, terme qui est désormais entré dans notre vocabulaire, tant il est aujourd'hui reconnu par la majorité d'entre nous que bien manger est important pour la santé.
Mais nous sommes nombreux pourtant à sous-estimer l'importance du sommeil sur nos fonctions mentales et physiologiques, et sur notre santé en général. Système immunitaire, mémoire, problématiques cardio-vasculaires, diabète… les recherches sont de plus en plus formelles concernant les impacts négatifs du mauvais sommeil.
Malbouffe et malpionce : du fast-food au bad-sleep
Parler de malbouffe, c'est évoquer la nourriture industrielle de mauvaise qualité, mal équilibrée, trop riche en sucre, en graisses ou en sels, trop riche en viande et trop pauvre en fibres, consommée de manière anarchique ou très en vitesse. A côté de nos mauvaises habitudes alimentaires, notre sommeil n'est pas en reste. On peut d'ailleurs affirmer que les fast-food sont à la malbouffe ce que le bad-sleep est à la malpionce.
Faisons un petit tour d'horizon de la malpionce et du bad-sleep. Quels en seraient les ingrédients?
Malpionce: un problème de quantité de sommeil
Il s'agit d'abord d'un problème de quantité de sommeil. Si nous sommes tous différents par rapport au sommeil (il existe des petits et des gros dormeurs), la malpionce c'est d'abord une réduction super importante de notre temps de sommeil moyen depuis 50 ans. Nous dormirions en effet environ 1h30 de moins que nos grands-parents il y a 50 ans ! C'est énorme. Cela fait un cycle de sommeil en moins. Il est évidemment impossible que l'être humain ait évolué aussi rapidement en 50 ans. Nous malmenons donc surtout nos rythmes biologiques.
Un sommeil perturbé par nos rythmes de vie
Nous sommes une société de grands stressés, carburant aux anti-dépresseurs et aux anxiolytiques. L'éclairage omniprésent, les écrans des tablettes et des télévisions… les efforts que nous faisons à 23h30 pour poursuivre la série que nous regardons alors que notre organisme nous donne le signal du sommeil. Et l'impact sur les mécanismes de notre sommeil : nous loupons l'endormissement et devrons attendre le prochain signal. Beaucoup s'endorment tout simplement devant la télé, se réveillent à 3h du matin réveillés par le bruit ou la lumière de la télévision, et montent se coucher.
Le travail de nuit, ou le travail à pauses, typiquement moderne / industriel, pose également de grands problèmes de santé publique. Ces problèmes sont de mieux en mieux étayés par les recherches sur le sujet et l'impact sur la santé des travailleurs (qui y perdent en qualité et en quantité de vie). Les plus gros soucis étant probablement réservés aux travailleurs changeant régulièrement d'horaire de travail et malmenant sérieusement leur horloge biologique.
Un problème de perception du sommeil
L'homo occidentalis, hyperactif, hyperstressé, adore l'idée d'être toujours rentable, toujours au taquet. Nombreux sont ceux qui apprécient l'envoi d'un petit email professionnel aux collègues à 1h15 du matin, histoire de montrer comme on est un gros bosseur qui ne regarde pas à la dépense d'énergie et... à la perte de sommeil.
Le sommeil est considéré comme une perte de temps, d'activité ou de rentabilité. Nous malmenons notre sommeil sous prétexte que dormir ce serait ne rien faire.
Les recherches sur le fonctionnement du sommeil sont très claires : il ne s'agit en aucun cas d'un arrêt d'activité, mais du basculement absolument essentiel dans une autre phase, très importante, de son activité biologique fondamentale, durant laquelle le cerveau (et l'organisme) va être particulièrement occupé à des tâches essentielles.
En résumé
La malpionce renvoie à l'état désastreux du sommeil d'une grand nombre d'entre nous, pour ne pas dire de notre société occidentale. A la clé : problèmes de santé (immunité, système cardiovasculaire, diabète, ...), problèmes psychologique (cognitifs, émotionnels), stress, consommation de médicaments psychotropes. Comme pour la malbouffe, il semble être grand temps d'en revenir à un sommeil plus… bio!