Connexion: Pro | Membre

Psychologie de la personne handicapée

Auteur: Laurent Heck
Consultations: 1340 Ottignies-Louvain-la-Neuve
Plus d'infos, autres publications: vers sa fiche d'auteur


Résumé: Laurent Heck nous introduit dans cet article à la psychologie de la personne handicapée, un domaine très particulier de la psychologie


« Très vite, j’eus l’intuition qu’en fuyant le handicap, on s’isole. Il est là, il faut l’accueillir comme un cinquième membre, composer avec lui. Pour ce faire, la connaissance de ses faiblesses me semble primordiale ».
Alexandre Jollien, philosophe

S'il est vrai qu'une situation de handicap ne correspond pas à un profil de personnalité typique, être porteur d'une déficience physique, cognitive ou sensorielle influence l’estime de soi de la personne, son rapport au corps et ses relations sociales.

Développer et connaître ses ressources et ses capacités

Le regard de la société envers les personnes porteuses de déficiences et souvent très dur. En effet, dans une société où l'individualisme, la productivité et la peur de la mort sont prépondérants, le handicap ou la maladie constituent un rappel constant de nos limites et de notre finitude. La personne handicapée fait peur, est blâmée de toutes les incapacités pour mieux pouvoir rester dans une illusion d’une vie sans limite.

Cette image d’incapacité que la société lui attribue, la personne en situation de handicap la fait sienne : je ne suis capable de rien, jamais je ne pourrai travailler ou trouver l’amour…

Pourtant, ill faut laisser le handicap à sa juste place : entre déni et sur-attribution, reconnaître ses limites, sans se laisser enfermer dedans. Avoir un regard positif et tourné vers le possible. Il n’y pas de solution facile. Mais cela aide de considérer son handicap non pas comme un grand drame insoluble mais bien en le décortiquant en multiples situations-handicaps pour lesquelles il faut soit trouver une adaptation, soit les accepter.

Apprendre à aimer cette chair abimée

Le rapport au corps est rendu plus difficile par le handicap. Il convient de distinguer le corps vécu, le schéma corporel, l’image du corps et l’apparence physique qui sont différents du corps fonctionnel. Travailler sur ces dimensions séparément permet d’activer les capacités d’adaptation et de résilience de la personne.

Lorsque le corps est source de forte douleur, le rapport au corps est encore plus difficile. La pratique de la méditation en pleine conscience est alors très bénéfique.

Il y aussi le corps qu’on compare à l’autre, en particulier à l’adolescence. La personne en situation de handicap à besoin de comparer son corps à d’autres, ou à des standards de notre société en terme de beauté et de performance. Il faut accompagner le jeune dans cette recherche de modèle. Il existe nombre d’exemples positifs à suivre de personnes en situation de handicap, qui sont bien dans leur corps et dans leur vie. L’école y joue un grand rôle et la pratique sportive aussi et il convient de les encadrer.

Rapport à l’autre : dépendance et autodétermination

Travailler avec la personne la distinction entre l'autonomie (prendre ses propres décisions) et l’indépendance est très utile. Rappeler aussi à la personne que les êtres humains sont tous interdépendants et encourager la personne à donner à son tour : écouter un ami, rendre un service à un proche, trouver un volontariat ou un travail,… cela doit être valorisé et permet de sortir la personne en situation de handicap d'une position passive au profit d’une position active de don à la société et à soi. Viser l’autodétermination à la place de l’Indépendance est beaucoup plus porteur : apprendre à se connaître et faire ses propres choix en lien avec les autres.

Le handicap chez une personne s'accompagne souvent d'un manque de compétence sociale. Les compétences sociales peuvent être travaillées par des jeux de rôles et des mises en situation.

Conclusion : Ce n’est pas le handicapé qui rencontre l’autre, mais bien la personne

Comme écrit plus haut, souvent, la personne en situation de handicap ne voit que son handicap, explique tout ce qui l’entoure par le biais de son handicap, ou au contraire est dans le déni le total. Il convient alors de travailler l’acceptation des limites sans se laisser enfermer dedans. Mais il faut aussi travailler les ressources et les capacités de la personne : personnalité, passions et hobbies, amis et famille.

Afin que la personne prenne conscience de toute sa richesse et que ce soit bien avec cette richesse de la personne en situation de handicap aille à la rencontre de l’autre !

Livres sur le handicap écrit par des personnes concernées (liste non exhaustive)

Jollien, A. (2014). Éloge de la faiblesse. Paris: Marabout.

Keller, H., & Huzard, A. (1991). Sourde, muette, aveugle: Histoire de ma vie. Editions Payot.

Laloux, E., & Barte, Y. (2014). Triso et alors ! Paris: Max Milo.

Leprêtre, L., & Rufo, M. (n.d.). Regards croisés sur le handicap.

Mercier, M. (2004). L'identité handicapée. Presses universitaires de Namur.

Texte mis en ligne le 29-05-2016 - Mise à jour le 30-06-2016

Vers le sommaire des articles

Engrenages

Les 2 articles suivants pourraient également vous intéresser:

1. Quand le handicap chamboule une famille

2. Wolfgang et le syndrome d'Asperger - Témoignage