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La culpabilité en tant que sentiment normal et sain

Auteur: Jérôme Vermeulen, psychologue Présentation


Résumé: Le sentiment de culpabilité se situe au coeur de nos rapports sociaux. La culpabilité fonctionne comme un système de contrôle social internalisé, gravitant en périphérie des sentiments de liberté et de responsabilité


Heureusement que nous nous sentons coupable ? Oui ! Absolument ! Il s'agit d'une 'saine culpabilité' ressentie lorsque nous avons conscience d'avoir transgressé certaines de nos valeurs. J'utilise les termes 'culpabilité saine' pour indiquer qu'il s'agit d'une indication de bonne santé. Pouvoir reconnaître que nous avons mal agi, que nous avons blessé ou heurté quelqu'un est une qualité. Pas un défaut ou un symptôme morbide. On peut parler de culpabilité empathique (empathie: capacité à se mettre à la place d'autrui, de ce qu'il vit ou ressent). Nous pouvons alors demander pardon, ou réparer notre erreur. Il s'agit d'une compétence typiquement humaine!

Très souvent aussi, la culpabilité est anticipative; nous planifions une action pas très honnête, ou, par exemple, nous suivons dans la rue une personne qui perd un billet de 50 EUROS, et sommes guidés (ou pas) par un sentiment de culpabilité AVANT d'avoir pris notre décision et commis l'acte (je ramasse discrètement le billet, ou j'avertis la personne qu'elle l'a perdu ??).

Une non-culpabilité pathologique

Pour aller dans le sens de ce que je viens d'affirmer ci-dessus, il existe des profils de personnes ne ressentant que très peu voire aucune culpabilité. Je fais référence aux psychopathes principalement, mais également à certains pervers.
Il s'agit en fait de personnes n'ayant, dans les cas extrêmes, aucune conscience d'autrui. Ils sont capables d'actes extrêmement graves (agressions, viols, tortures, meurtres) sans que cela ne leur cause le moindre cas de conscience. Parmi les principales caractéritiques de ces inquiétants psychopathes: ne ressentent pas de culpabilité et d'empathie.

Culpabilité et contrôle social

Sans un minimum d'ordre ou de contrôle social (en tant que 'prédominance du groupe sur l'individu'), nous vivrions dans le chaos. Toutefois, notre société, depuis plusieurs siècles, a développé un système de contrôle social internalisé. Notre éducation nous a progressivement appris à nous sentir libres et responsables de nos actes. Mais cette vision des choses ne peut pas être sans compensation ou équilibre: libres voulant donc également signifier responsables de nos actes et donc coupables en cas d'infraction.

Est-ce là le seul système de contrôle : un système internalisé ? Non bien sûr. Et en effet: si la culpabilité internalisée n'est pas apte à gérer les comportements d'une personne, les systèmes de contrôle externe devront prendre le relais. Le groupe, la collectivité intervenant à l'encontre de l'individu, pour le ramener à la norme sociale ou l'écarter du groupe. Cette intervention sera exercée par les systèmes de contrôle coercitifs: policiers ou judiciaires. La justice, dans certains cas, devant au préalable s'assurer qu'un individu est bien.... responsable de ses actes. La principale préoccupation des psychopathes (dont je parlais ci-dessus) étant... de prendre et de ne pas se faire prendre.

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Texte mis en ligne le 27-06-2007

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